Reportage SPÉCIAL AUTO MOTO
C’est quoi l’auto-cross ?
Peu connu du grand public, ce sport mécanique consiste en des courses poursuites sur des circuits de terre d’un peu moins d’un kilomètre, en général. La piste mesure entre 15 et 20 mètres de large. Les épreuves se déclinent autour de trois manches pour départager les concurrents. Quant aux voitures, il faut distinguer les monoplaces ou buggys et les tourismes libres (c’est la catégorie dans laquelle court Philippe Hamel). Ensuite, il faut prendre en compte la puissance des moteurs : de 0 à 1 200 cc, de 1 200 à 1 400 cc, de 1 400 à 1 700 cc et de 1 700 à 2 000 cc. |
Philippe Hamel : la passion au bout du volant |
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Depuis l’âge de 8 ans, Philippe Hamel est plongé dans l’univers de l’auto-cross. Aujourd’hui à 40 ans, sa passion pour ce sport mécanique lui a permis de réaliser une belle saison avec notamment trois victoires sur les circuits du Grand Sud et une participation à une finale nationale en Vendée.
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«Papa, papa, dis tu vas m’inscrire au karting ?», demande avec insistance Marvin ce samedi 30 septembre. Le garçon de 9 ans apparaît à coup sûr comme le digne héritier d’une tradition familiale. «Ce serait bien que je l’emmène une fois en initiation», songe Philippe Hamel. Ce magasinier aux établissements Lavail à Revel mène en parallèle une seconde vie, celle de pilote d’auto-cross. Selon ses propres termes, il «s’éclate» et «se défoule» sur les circuits depuis 1987, après avoir «bricolé» une Datsun accidentée qu’un ami lui avait cédée. Six mois de travail sur une voiture que certains auraient pu considérer comme une épave, et voilà Philippe, en digne fils de son père, parti faire ses premiers tours de volant en Corrèze, du côté d’Egletons, le fief familial.
La première voiture de Philippe Hamel : une Datsun 120 A F 2.
C’est avec elle qu’il a fait ses premières courses en auto-cross - Crédit photo : P. Hamel
Enfant, Philippe voyait son père construire des buggys avec des amis. Nous sommes en 1974, aux balbutiements de l’auto-cross en France. «A l’époque, tout le monde mettait la main à la pâte pour préparer une voiture», se rappelle-t-il. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que le gamin de l’époque se sente une âme de pilote.
«Le petit Poucet»
Encouragé d’abord par sa famille, ses amis, et plus tard par sa femme Isabelle, Philippe a pu nourrir sa passion sereinement quand il a élu domicile en 1992 dans le Lauragais, à Cadenac sur la commune de Saint Félix Lauragais où il a trouvé la maison idéale.
«En fait, c’est mon épouse qui avait repéré cette habitation, une ancienne forge, confesse-t-il, un endroit parfait pour y installer mon atelier de mécanique. J’ai aussi de l’espace pour le camion et la remorque». Son existence est partagée entre le garage, avec les mains dans le cambouis jusqu’à une heure du matin, voire plus la veille d’une compétition, et les circuits du Tarn, des Pyrénées-Orientales, de l’Hérault, de l’Aude…
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Le talent de Philippe Hamel réside |
Il lui faut aussi concilier vie familiale et vie professionnelle. «Je suis un peu le petit Poucet de l’auto-cross», lance Philippe. Il fait effectivement partie de ceux qui, en dépit de peu de moyens financiers et matériels, parviennent non seulement à assouvir leur passion, mais aussi à se distinguer dans les compétitions. Philippe a été sélectionné en août dernier à la finale nationale UFOLEP de la spécialité. C’était en Vendée, à Cheffois. Depuis pas mal de temps déjà, il a troqué sa Datsun pour une Nissan Cherry. «J’ai fait 70 courses sans aucune casse moteur», assure-t-il. Avec deux Tarnais, Philippe représentait le Grand Sud lors de cette finale. Pour l’occasion, il avait bichonné son moteur afin d’obtenir quelques centimètres cubes supplémentaires. Fort des 16 soupapes de sa voiture, il n’avait pas à rougir face aux autres concurrents. «J’ai suivi des mauvais conseils pour l’installation du filtre à air, regrette-t-il. Le moteur n’a pas apprécié. J’ai dû arrêter avant qu’il ne casse complètement». Contraint à l’abandon alors qu’il était parvenu au top de la discipline (il est classé 4e de la région pour cette saison), il aurait bien aimé pourtant faire la même performance qu’à l’issue d’un Challenge Corac, réunissant les clubs du Grand Sud affiliée à la FFSA (Fédération Française de Sport Automobile) : «Parmi les participants, j’avais le plus petit moteur. Avec des pièces de base, une bonne technique de conduite, j’ai terminé cinquième». Le 17 septembre dernier, à Elne, dans les Pyrénées-Orientales, il tient sa revanche en décrochant la première place d’une compétition régionale. Ah ce circuit Saint-Martin, il l’aime. «J’ai l’impression de le connaître par cœur, ses moindres virages, ses bosses. C’est un circuit roulant avec une bonne partie technique» ; un circuit qui lui porte chance depuis des années. La première course de la saison 2006 s’y était d’ailleurs déroulée et devinez qui l’avait remportée ?
La course avec plusieurs voitures. Dans le feu de l’action, sur la terre battue. Pas de pitié pour la moindre erreur de conduite ou sinon ce sont les poursuivants qui en profiteront pour prendre la tête de la course ! - Crédit photo : P. Hamel
En attendant la relève
Après ce riche palmarès, quels peuvent bien être les rêves du pilote ? «Je monterais bien dans une monoplace ou dans une voiture à propulsion», lance-t-il, toujours animé par l’esprit de compétition. «Tant que je peux rouler pour le plaisir, sans pression, j’aimerais continuer même si je n’ai plus grand chose à prouver, du moins dans ma catégorie. Naturellement, si je franchissais systématiquement la ligne d’arrivée à la traîne, j’arrêterais». Philippe est indéniablement atteint par le virus de l’auto-cross. Dans le garage, il y aura toujours quelques réglages à faire sur sa Nissan. Et puis lors de ces longs moments passés le nez sous le capot, le mécanicien se remémorera ce frisson qui l’a parcouru en dépassant un adversaire dans un virage et les quelques secondes d’apnée au moment du départ quand, comme les autres concurrents, Philippe a retenu son souffle avant d’appuyer sur l’accélérateur. Pour que la course garde autant d’attrait dans les années à venir, le pilote, toujours avide d’en découdre, émet un souhait : «faire connaître ce sport automobile, pour qu’il y ait une relève chez les pilotes». Eh oui, il n’y a pas que les stars de Formule 1 et de rallye qui doivent faire rêver. Des champions automobiles se trouvent aussi à côté de chez vous. Il est bon qu’ils se manifestent un peu plus, à l’image de Philippe, pour susciter des vocations et faire la fierté du Lauragais !
Estelle Couvercelle
Les « modèles » de Philippe Hamel
Yvan Muller : «C’est un touche-à-tout qui gagne toujours aussi bien sur glace qu’en circuit goudron. Il sait jauger une voiture. C’est un pilote intelligent. Chapeau bas à cet homme qui a su aussi rester à la portée de tous.» |
Les conseils de Philippe Hamel
Pour 2 000 euros, il est facile, selon le pilote lauragais, de se procurer une voiture équipée. Le casque est obligatoire. Il faut aussi avoir un siège baquet. Ensuite, l’équipement mais aussi les compétitions varient selon que le pilote prend une licence auprès de la FFSA (Fédération Française de Sport Automobile) ou de l’UFOLEP (Union Française des Œuvres Laïques d’Education Physique). Après avoir été licencié à la FFSA, Philippe a préféré l’UFOLEP pour des raisons de coût, mais aussi pour l’ambiance plus conviviale qui règne lors des courses. Question de goût… Enfin « avant de se lancer dans les compétitions, il faut apprendre à sentir sa voiture pour être en confiance. Il ne faut pas rouler plus vite qu’on ne le peut. Il faut surtout penser à sa propre sécurité ». Comme quoi, même en étant passionné, Philippe reste un homme raisonnable. Il connaît ses limites et celles de sa chère Nissan. |
En savoir plus
www.ufolep.org. |
Couleur Lauragais n°87 - Novembre 2006